Aujourd’hui sur « A story about cars », un break de chasse anglais célèbre de l’autre côté du Channel mais peu connu sur le continent, la Reliant Scimitar GTE.

La marque Reliant, vous connaissez ? Mais si, ces fameuses voitures anglaises à 3 roues (1 à l’avant, 2 à l’arrière), peu stables et copieusement maltraitées par Mr Bean et Jérémy Clarkson… La fameuse émission de la BBC en a transformé deux en cabriolet pour affronter leurs homologues américains. Et il est même désormais possible d’en conduire une dans les derniers opus du célèbre jeu vidéo Forza Motorsport.  Mais Reliant n’a pas produit que ces drôles de tricycles motorisés, elle a également été à l’origine de véhicules bien plus cossus et sportifs, dont celle qui nous intéresse aujourd’hui, la Scimitar GTE.

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Reliant Scimitar GTE, Photo : GME

La marque Reliant, fondée en 1935 va à partir des années 60 compléter sa gamme de petite voitures à trois roues par des productions un peu plus ambitieuses. Tout d’abord la Sabre puis en 1964, le coupé Scimitar. Ce nom, qui signifie « cimeterre », est associé à un tout nouveau logo qui représente l’arme du Moyen-Orient en question. Quatre ans plus tard, la Scimitar est déclinée en version GTE, une inédite carrosserie break de chasse (voir l’article sur la Volvo 480, qui définit précisément ce type de carrosserie). Ce n’est donc pas Volvo avec sa 1800 ES (qui sortira trois ans plus tard en 1971) qui aura le premier mis en production un véhicule de ce type, mais bien la petite firme anglaise Reliant.

Dessinée par Tom Karen de la société Ogle Design, la première génération de Scimitar GTE (SE5 pour les intimes) était motorisée par le fameux V6 Ford Essex de 3 litres et 146 chevaux SAE que l’on retrouve sous le capot de la Scimitar coupé (SE4) et qui pouvait être accouplé soit à une transmission manuelle à quatre rapports, soit à une boite automatique Borg Warner à 3 rapports en option à partir de 1970. La marque Reliant étant spécialisée dans la fibre de verre, la carrosserie de la Scimitar est logiquement fabriquée dans ce matériau, qui présente l’avantage non négligeable en cette fin des années 60 de ne pas rouiller. Peu de voitures de cette même époque peuvent en dire autant (ah si, la Trabant 601, mais c’est pas tout à fait le même style !).

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Reliant Scimitar GTE, Photo : GME

A partir de 1972, la Scimitar GTE fait l’objet de plusieurs petites améliorations (code SE5A) mais la véritable nouveauté débarque en 1976 avec la génération SE6 (qui sera très rapidement améliorée en SE6A). La Scimitar GTE, déjà âgée de huit ans, est alors redessinée dans un style plus moderne, mais sans véritable changement mécanique. Il faudra attendre 1980 et la génération SEB pour que le V6 Essex de 136 chevaux DIN, soit remplacé par une autre mécanique Ford, le V6 Cologne produit en Allemagne, toujours d’une cylindrée de trois litres. Ce changement de bloc moteur s’explique d’ailleurs simplement par le fait que Ford a arrêté pour 1981 la production des moteurs Essex qui équipaient également les Capri. 1980 vit également l’arrivée d’un inédit cabriolet sur base Scimitar, la GTC. Seuls 442 exemplaires seront produits.

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Reliant Scimitar GTC, Photo : GME

Si la production de la Scimitar par Reliant s’est arrêté en 1986, après 18 ans et un peu moins de  14000 exemplaires produits, le break de chasse (et son dérivé décapotable) n’en connurent une seconde carrière lors qu’en 1987 la société Middlebridge Scimitar Ltd, basée dans le Nottinghamshire a racheté les droits à Reliant et s’est lancée dans la production d’une version modernisée de la Scimitar. Les changements les plus significatifs étaient l’arrivée d’une injection électronique et d’une boite manuelle Ford à 5 rapports (boite 4 automatique en option). Finalement, le sursis de la Scimitar ne fut que bref, la société Middlebridge ne produisant finalement que 79 exemplaires du break de chasse modernisé entre 1988 et 1990.

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Reliant Scimitar GTE, Photo : GME

Si elle est équipée d’une mécanique Ford plutôt fiable, la Scimitar connait les mêmes déboires que ses compatriotes contemporaines, à commencer par un système électronique, monté par l’équipementier Lucas, qui n’est pas sans poser de multiples problèmes. Au regard de son cachet et de son originalité, elle présente à ce jour une côte relativement basse si on la compare aux Triumph ou MG de la même époque.

Peu courante sur nos routes, la Scimitar GTE est bien évidemment plus courante dans son pays d’origine. Quelques exemplaires ont néanmoins été importés à l’unité. J’ai eu l’occasion d’apercevoir une SE6 au Mans Classic en 2018 (celle d’un visiteur britannique qui participait à l’évènement) et une autre au Retro Classic à Stuttgart en début d’année. Le musée automobile de Wolfegg près du lac de Constance en Allemagne en possède également une.

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Reliant Scimitar GTE, Le Mans Classic 2018, Photo : GME
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Reliant Scimitar GTE, Musée automobile de Wolfegg, Photo : GME

Alors, est ce que je craquerais pour cette belle anglaise ? Moi qui ne suit pas forcément très attiré par les productions d’outre-Manche, je trouve que cette Reliant à un petit quelque chose de spécial : sa carrosserie, sa prestance, le fait que quasiment personne ne connait cette voiture, en tout cas en France. Ce ne serait certes pas ma priorité, mais étant donné que j’adore les véhicules peu connus au look décalé (qui a dit AMC Pacer ?), elle aurait sa place dans mon garage idéal. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à apprécier cette Scimitar GTE : la princesse Anne en a possédé 9 ! La première lui a été offerte pour son 20 anniversaire. Elle a également été propriétaire du cinquième exemplaire de Middlebridge Scimitar.

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Reliant Scimitar GTE, Photo : GME

Enfin, si vous souhaitez franchir le pas, il vous faudra très certainement vous accommoder de la conduite à droite, le prix de l’originalité sans aucun doute ! En effet, seules 177 Scimitar GTE (dont 3 Middlebridge) ont été produites avec une conduite à gauche ! Inutile de préciser la rareté de tels engins !

C’est tout pour aujourd’hui, merci d’avoir pris le temps de lire ces quelques lignes, en espérant qu’elles vous aient plus. Quand à moi, je vais chercher une prochaine voiture à chroniquer. Et surtout n’oubliez pas, vivez pleinement la passion automobile !