Cette semaine sur A story about cars, on s’intéresse à un des précurseurs des breaks sportifs, qui se trouve également être la première Audi badgée RS.

Un samedi soir de septembre 1993, du haut de mes sept ans, je regarde sur la télévision familiale une émission automobile bien connue consacrée au salon automobile de Francfort. Parmi les nouveautés présentées, une a particulièrement retenu mon attention, si bien que je m’en rappelle encore de ce reportage plus de 25 ans plus tard. Parmi les nouveautés, le journaliste en charge du sujet avait relevé qu’il y avait cette année-là à Francfort « une Audi sur le stand Porsche ». Et là, j’avais tout de suite remarqué que cette Audi, une jolie 80 break bleue, avait quelque chose de spécial.

Et cette Audi, c’est la RS2, la première de la marque aux anneaux à arborer le désormais célèbre badgé RS, signe de sportivité affirmée. Aujourd’hui, presque toutes les berlines et même quelques SUV du groupe ont droit à leur déclinaison hypersportive et voici celle par qui tout a commencé.

rs2_02Audi RS2, Photo : GME

Déjà, pour démarrer, cette RS2 est issue en collaboration avec Porsche. Si aujourd’hui, des moteurs développés par Porsche se trouvent encore sous le capot des Audi RSQ8 ou RS6, cela s’explique par le fait que désormais ces deux marques font partie du groupe Volkswagen. Ce n’était pas le cas au début des années 90. Audi fait alors déjà partie du groupe VW, qui ne compte alors que quatre marques avec Seat et Skoda. Quand à Porsche, la marque est indépendante. Et aussi désargentée, ce qui va conduire la firme de Stuttgart à conclure ce type de partenariat, pour faire profiter d’autres marque de leur savoir faire en matière de développement et de construction de véhicules sportifs. Il s’agit de la même logique qui avait conduit Porsche à la même époque à collaborer avec Mercedes pour la 500E. Ainsi, cette Audi RS2 bénéficie non seulement du savoir-faire de Porsche, mais elle est également assemblée chez Porsche. Dans certains pays, il s’agit même de « Audi-Porsche » qui figure comme marque sur la carte grise.

rs2_03Audi RS2, Photo : GME

La mécanique revisitée par le sorcier de Stuttgart est pourtant d’origine Audi. Il s’agit d’une architecture moteur assez singulière qui sera reprise par la suite sur plusieurs productions badgées RS, un cinq cylindres. Il gagne ici une suralimentation pour un total de 310 chevaux, autorisant un 0 à 100 km/h en 4,6 secondes, un chiffre impressionnant pour une sportive de l’époque et plus encore pour un break !!! Qui dit Audi dit bien entendu transmission intégrale Quattro, dont est évidemment équipée le modèle ! Ça devait quand même être bien classe de monter au ski dans les alpes suisses ou autrichiennes au volant d’une telle auto au milieu des années 90 !!!

Bon tout le monde ne pouvait pas se permettre un tel plaisir, car avec un total de 2900 exemplaires produits en 1994 et 1995, l’engin est plutôt exclusif. Tous les marchés n’y auront d’ailleurs pas droit, les USA par exemple seront privés de RS2. Il fallait également y mettre le prix ! Affichée à l’époque à 394 000 francs, la RS2 n’était clairement pas à la portée de toutes les bourses. Et pour ceux qui en avait les moyens, il fallait oser investir le prix d’une belle sportive dans …. un break ! A titre de comparaison, en 1994, une Porsche 968 s’affichait même un peu moins chère, à 365 000 francs.

rs2_01Audi RS2, Photo : GME

Aujourd’hui, la RS2 reste un modèle mythique pour les connaisseurs… qui ne sont pas forcément nombreux ! Il parait même que certains concessionnaires américains ne connaissent pas l’existence du modèle. On peut toutefois les excuser, comme évoqué plus haut, le modèle n’était pas vendu neuf chez eux. Après avoir bien baissé à la fin des années 2000, la cote est remontée et reste aujourd’hui soutenue.

En tout cas Audi n’a pas oublié la RS2 ! Non seulement un très bel exemplaire était exposé sur le stand du salon de Genève 2014 mais une RS4 contemporaine était exposée à ses côtés dans la même teinte Nogaro Blue (sympa la petite référence au circuit français). Plus récemment, une série (très) spéciale de RS6 dans la même teinte Nogaro Blue, limitée à 25 exemplaires, pour commémorer les 25 ans (27 en réalité) de la RS2 a été récemment  commercialisée.

rs4Audi RS4, Salon de Genève 2014, Photo : GME

Car oui, si la RS2 était notamment disponible en gris métallisé ou en vert sapin, c’est bien dans cette teinte Nogaro Bluequ’elle était la plus belle. Et d’ailleurs c’est bien dans cette couleur qu’elle cote le plus !

A titre personnel, je trouve que cette RS2 présente un intérêt indéniable. S’il y avait bien eu une M5 break et quelques bonnes prépas Brabus ou AMG sur base break Mercedes, on peut raisonnablement considérer que la RS2 est l’un des tous premiers breaks sportifs de l’histoire. Elle aurait en tout cas toute sa place dans une collection de sportives des années 90, aux côtés par exemple d’une BMW M3 E36, d’une Mercedes 190 Evo 2 et d’une Lotus Omega. C’est quand le prochain tirage Euromillions ?

En espérant que cette redécouverte de la première Audi RS vous ait plu, en attendant le prochain article, n’oubliez pas, vivez pleinement la passion automobile.